jeudi 4 février 2016

Nîmes : une future ville Unesco sans guides ni animateurs ?


Nîmes : une future ville Unesco sans guides ni animateurs ?

Nîmes : une future ville Unesco sans guides ni animateurs ?
Le syndicat Sud en soutien des vacataires lors de la conférence de presse, mardi à la Grande Bourse.
S. B.

Les vacataires des services culturels de la mairie mis en difficulté par l'annonce de nouvelles mesures d'économie.

Tandis que Jean-Paul Fournier, sénateur-maire, échangeait à Albi, ce mardi matin, sur les retombées économiques d'une inscription à l'Unesco, à Nîmes, ce sont des conséquences humaines et politiques à l'annonce de la suppression de cent équivalent temps plein en mairie qu'évoquaient une trentaine de personnes qui s'étaient jointes à la conférence de presse du syndicat Sud. Et particulièrement des vacataires des services culturels patrimoine et muséal - des guides conférenciers et médiateurs - qui ont appris de manière informelle le 21 décembre 2015, le non-renouvellement ou la modification de leur contrat.

La décision est motivée par une nouvelle cure d'austérité sur le budget de la culture qui s'ajoute aux baisses des années précédentes et vient remettre en cause de façon brutale l'offre culturelle municipale tout autant que l'avenir de ce personnel.

Inquiétudes

"Notre bataille c'est la culture, assure l'une des vacataires. Et l'on ne comprend pas quelle est la cohérence entre les ambitions d'une ville labélisée Art et Histoire depuis 1988, dans une démarche Unesco depuis 15 ans, et cette décision d'austérité ? Peut-être ont-ils mal évalué les conséquences..."

Ces conséquences se lisaient d'abord par l'inquiétude sur les visages. "Je suis vacataire en CDD depuis 20 ans, souligne cette guide conférencière (1). Et mes heures de vacations sont passées de 42 heures en 2015 à 9 heures cette année." Une certaine précarité dont pouvait se satisfaire ce personnel dans le cadre d'un accord tacite de reconduction mais qui vient d'être rompu par la direction générale des services lors de cette réorganisation sans dialogue. Une forme d'impréparation qui a eu pour conséquences l'annulation des actions culturelles du 4 au 10 janvier avant de pouvoir reprendre le 11 janvier sans que le renouvellement des contrats des vacataires ne soit inscrit à l'ordre du prochain conseil municipal samedi.

Une baisse de l'offre culturelle de 50 %

Cette annulation est venue s'ajouter à la baisse cumulée des actions pédagogiques ou éducatives que fournissent ses vacataires et dont la disparition va nécessairement aggraver le constat. "Si l'on comptabilise depuis trois ans, on arrive à près de 50% de baisse de l'offre", assure cette guide conférencière. Une situation vécue dernièrement par Eva Granger, médiatrice culturelle à l'association Quartier libre, qui propose l'apprentissage du français par la visite de musées et qui souligne que "lors de ma dernière demande auprès du musée des Beaux-arts, on m'a répondu que c'était complet et qu'il fallait s'inscrire sur une liste d'attente. Certains vacataires m'expliquant qu'ils ne seraient même pas sûrs d'être là au mois de mars."

Cette violente réduction de voilure interroge également ce médiateur scientifique sur la qualité des prestations fournies. "Les réunions préparatoires n'ont plus lieu, la relation de confiance établie avec les partenaires s'éloigne et le risque sera de ne pouvoir proposer que de l'occupationnel." Un avenir incertain qu'unanimement les vacataires mettent en relation avec le coût du futur musée de la Romanité (19M€) qui viendrait peser trop lourdement sur les finances de la ville, "comme une répétition de la situation vécue avec le musée Carré d'Art sous Bousquet", précise le syndicaliste Vincent Sanchis.

La mise en place d'un comité technique paritaire demandée

Le syndicat Sud demande désormais la mise en place d'un comité technique paritaire, au rôle consultatif mais qui permettrait d'élaborer au plus près des besoins et en concertation le plan de restructuration. Cette démarche n'ôterait rien à la volonté politique de l'équipe municipale résumée par Jean-Albert Chieze, directeur de cabinet, qui précise que "le seul objectif c'est l'inscription de la ville au patrimoine de l'Unesco." Mais à quel prix ? Humain tout d'abord, comme le laissent deviner les visages attristés des vacataires.

(1) : l'ensemble des vacataires a souhaité conserver l'anonymat lors de la conférence de presse. Le syndicat Sud en soutien des vacataires lors de la conférence à la Grande Bourse, mardi.

http://www.midilibre.fr/2016/02/03/une-future-ville-unesco-sans-guides-ni-animateurs,1280447.php

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